Dès le jeudi 13 novembre sur france.tv, puis le 1er décembre à 21h10 sur France 2, la mini-série La disparue de Compostelle signe un retour du polar français à hauteur d’hommes et de machines — entre douleur intime, mémoire collective et vertige technologique.
Quatre épisodes pour raconter comment un faux visage recréé par l’intelligence artificielle peut soudain remettre en mouvement une vérité qu’on croyait éteinte.

Un cold case ravivé par une image numérique

À Saint-Guilhem-le-Désert, village du sud où le temps semble s’être figé, la gendarme Jeanne Nogarède (Olivia Côte) vit avec un fantôme : celui d’Emma Vivian, disparue en 2020 sur le chemin de l’école. Cinq ans ont passé, l’enquête a piétiné, les vies se sont reconstruites — jusqu’au jour où une vidéo apparaît sur internet.

Sur l’écran, le visage d’Emma s’adresse à la caméra, reconstitué par une IA. Elle raconte les dernières heures avant sa disparition… et mentionne un détail connu d’elle seule, de son ravisseur — ou de sa mère. Ce court fragment d’image devient le détonateur d’une enquête vertigineuse où se croisent mémoire, culpabilité et illusion numérique.

L’intelligence artificielle au cœur du drame

Pour Pierre Monjanel, créateur de la série, tout est parti d’un fait réel : la découverte sur TikTok de vidéos utilisant l’image d’Estelle Mouzin, disparue en 2003, recréée par intelligence artificielle à des fins de buzz. Une dérive qu’il qualifie d’« odieuse et inquiétante » et qui inspire ici un questionnement : et si un artefact numérique contenait malgré tout une part de vérité ?

Cette tension entre technologie froide et humanité blessée structure tout le récit.
Monjanel ne cherche pas le spectaculaire, mais l’écho moral et émotionnel que ces nouvelles technologies font résonner dans nos vies : jusqu’où la société est-elle prête à instrumentaliser la douleur ? Et à quel moment la vérité, même recréée, devient-elle insoutenable ?

Une enquête humaine au cœur du Gard

La disparue de Compostelle met en scène une communauté fracturée : une mère qui s’accroche à l’espoir, une maire sous pression, des secrets enfouis dans chaque maison, et une gendarme obstinée qui refuse d’abandonner.
Face à une IA capable de reconstituer les visages, Jeanne Nogarède devient l’incarnation de cette humanité qui doute mais persiste — « le dernier rempart entre nous et l’odieux », comme le résume Monjanel.

Un casting solide et cohérent

Autour d’Olivia Côte, on retrouve Nicole Calfan, Carole Bianic, Samir Boitard, Cécile Rebboah et Vincent Deniard, pour donner chair à cette fresque villageoise où la tragédie collective se rejoue sous l’œil froid des caméras et des écrans.
Les quatre épisodes de 52 minutes, réalisés avec sobriété, alternent tension policière et chroniques intimes.

Derrière la fiction, une réflexion contemporaine

Sous son apparence de polar rural, La disparue de Compostelle s’inscrit dans une veine nouvelle du thriller social français : celle qui interroge la technologie non comme outil, mais comme menace morale.
L’IA y devient un miroir déformant de nos obsessions — vérité, mémoire, image — et rappelle qu’à l’ère numérique, les morts peuvent continuer de parler, mais pas toujours pour de bonnes raisons.

Fiche technique

Titre : La disparue de Compostelle
Format : Mini-série – 4 × 52 minutes
Diffusion : Dès le 13 novembre sur france.tv, puis le 1er décembre à 21h10 sur France 2
Création : Pierre Monjanel
Réalisation : Pierre Monjanel
Production : France Télévisions
Casting principal : Olivia Côte, Nicole Calfan, Samir Boitard, Carole Bianic, Cécile Rebboah, Vincent Deniard

Photo Fabien MALOT / FRANCE TELEVISION