Il y a des carrières réglées comme des métronômes et des vies qu’un simple déplacement de service dérègle soudain. Nice to Not Meet You (얄미운 사랑) raconte ce frottement : un acteur prisonnier de sa légende, une journaliste politique exfiltrée vers la rubrique “divertissement”, et entre eux deux, l’industrie qui fabrique des images plus vite qu’elle n’écoute les gens. Le résultat n’est pas seulement une romance annoncée : c’est une chronique sur l’épuisement des rôles et la résistance à l’étiquetage.
Le récit : l’acteur et la journaliste, ou l’art d’ôter le vernis
Lim Hyeon-jun (Lee Jung-jae) a bâti sa notoriété sur le même archétype — le détective droit, héroïque, reproductible. À force de répéter, il a laissé s’installer des tics, des réflexes qui le corsettent. Wi Jeong-sin (Lim Ji-yeon), elle, a gravi ses échelons à coups d’enquêtes politiques, avant d’être déclassée au “people” pour avoir touché à un dossier sensible. La rencontre est d’abord une dissonance : la reporter mesure la distance entre l’homme et son mythe ; l’acteur découvre ce que son jeu masque, et ce que le système exige.
Le duo en tête d’affiche : deux façons d’accrocher la lumière
Lee Jung-jae joue en contre-champ de son aura, amusé — parfois piqué — par la question qui traverse chaque scène : que reste-t-il quand on cesse de “faire” son rôle ? Lim Ji-yeon installe, face à lui, une présence calme et incisive ; sa journaliste refuse la superficialité par réflexe professionnel, mais apprend à lire l’écosystème du spectacle sans le mépriser. Autour d’eux gravitent Kim Ji-hoon et Seo Ji-hye, pièces maîtresses d’un échiquier où la communication est souvent un combat à mots couverts.
Derrière la caméra : une fabrique à personnages, pas une usine à clichés
La réalisation de Kim Ga-ram (Nevertheless, Good Partner) privilégie les visages, les silences, les couloirs où se négocient les versions officielles. Le scénario de Jeong Yeo-rang (Five Enough, Doctor Cha) s’attache aux angles morts : ce que coûte une image à ceux qui la portent, et ce que fabrique la presse quand on la contraint à raconter léger. Studio Dragon orchestre, avec Studio&NEW et Artist Company, une production qui cherche l’équilibre entre plaisir sériel et observation sociale.
Thèmes et promesse : la réputation comme champ de bataille
Pas de satire tonitruante ni de mélo sirupeux : Nice to Not Meet You opte pour la tension douce, celle qui déplace les lignes à force de petites contradictions. On y parle de typecasting, de déontologie journalistique, de narration médiatique et de ces vies intérieures qui n’entrent pas dans les dossiers de presse. La romance, si romance il y a, reste un prisme ; le cœur du projet tient dans cette question : qui décide de l’histoire qu’on raconte à propos de soi ?
L’essentiel à retenir
Un lancement 3 novembre sur Prime Video en France, un rythme hebdomadaire sur tvN en Corée, un tandem Lee Jung-jae / Lim Ji-yeon qui joue fin, et une écriture qui préfère les nuances aux slogans. Ajoutez une mise en scène attentive aux coulisses — salles de réunion, plateaux, open spaces — et vous obtenez un k-drama contemporain qui parle autant du show-business que de la liberté de se réinventer.
