Certaines histoires refusent de cicatriser. Elles saignent, elles suintent, elles mutent. Yellowjackets fait partie de celles-là. Depuis son crash inaugural dans la forêt et son éclatement narratif entre adolescence affamée et âge adulte rongé par le secret, la série n’a cessé de brouiller les pistes entre instinct de survie, sororité toxique et mémoire piégée.

Le 26 juin 2025, Canal+ exhume enfin la saison 3 sur les écrans français. Une saison écrite comme un acte de réapparition : les corps sont revenus, mais pas les âmes. Chaque épisode continue d’ausculter ce qu’il reste d’humain quand on a tout enterré, y compris soi-même.

Un récit déconstruit, une violence reconstruite

La force de Yellowjackets, depuis sa première diffusion sur Showtime en 2021, a toujours été de refuser la linéarité. Pas de causalité simple ici, pas de rédemption évidente. Le récit alterne brutalement entre deux temporalités : celle de 1996, où un groupe d’adolescentes échouées dans une forêt glacée perd peu à peu ses repères moraux, et celle de 2021, où leurs versions adultes tentent tant bien que mal de survivre à ce qui les hante encore.

 

La saison 3, diffusée depuis février 2025 aux États-Unis sur Paramount+, renforce cette mécanique de fragmentation. On y retrouve Shauna, Taissa, Misty et Natalie face à leurs choix passés, à ce qu’elles ont fait, ou laissé faire. Le passé continue de surgir, mais il n’éclaire rien. Il ajoute seulement du poids aux silences.

Casting augmenté, tensions redoublées

Côté casting, les habituées sont toujours là : Melanie Lynskey (Shauna), Christina Ricci (Misty), Tawny Cypress (Taissa) et Simone Kessell (Lottie) maintiennent un niveau de jeu presque clinique dans leur capacité à incarner la dissociation, la honte et la manipulation.

Mais cette nouvelle saison introduit aussi de nouveaux visages :

  • Hilary Swank rejoint le casting dans un rôle encore tenu secret, mais qui, selon Parade, serait lié à une figure d’autorité dans l’enquête toujours ouverte sur le crash.

  • Joel McHale est également de retour, ajoutant une touche d’ambiguïté à la partie contemporaine du récit.

  • Le personnage de Ben Scott, le coach blessé physiquement et mentalement, prend une épaisseur tragique inattendue, alors que son passé est exploré avec une finesse nouvelle.

La forêt comme symptôme, pas comme lieu

Ce que confirme cette saison 3, c’est que la forêt — celle où tout a commencé — n’est pas un décor, mais un symptôme. Un lieu mental. Une mythologie toxique que les survivantes continuent d’habiter, où qu’elles soient. Les scènes de cannibalisme, les rituels improvisés, les visions, les pertes de contrôle… tout cela reste à fleur de peau, même vingt-cinq ans plus tard.

À travers un usage malin de la mise en scène (mélanges de formats, alternance de textures visuelles, bandes-son anachroniques), Yellowjackets refuse l’objectivité. Ce qui compte ici, ce n’est pas ce qui est arrivé, mais comment les personnages le vivent, le rejouent, le masquent ou le mythifient.

Une réception critique solide, mais plus divisée

La saison 3 a reçu des critiques globalement positives aux États-Unis, oscillant entre l’admiration pour sa radicalité narrative et une certaine lassitude face à son refus d’expliquer. Sur Rotten Tomatoes, elle atteint 82% d’avis positifs, en baisse par rapport aux saisons précédentes, ce qui témoigne d’un resserrement sur les spectateurs les plus investis. Ceux qui attendaient des réponses rationnelles seront déçus ; ceux qui viennent pour la spirale, eux, seront servis.

En résumé

  • Date de diffusion France : 26 juin 2025 sur Canal+
  • Origine US : diffusée depuis février 2025 sur Paramount+
  • Créateurs : Ashley Lyle et Bart Nickerson
  • Casting principal : Melanie Lynskey, Christina Ricci, Tawny Cypress, Juliette Lewis, Simone Kessell, avec les ajouts de Hilary Swank et Joel McHale
  • Réception critique : solide, mais polarisante
  • Genre : drame psychologique, thriller horrifique, chronique post-traumatique