Et si vos retraites bien-être au bord de l’eau cachaient autre chose qu’un atelier de respiration et des shots de gingembre ? Le 22 mai, Netflix dégaine Sirens, mini-série acide comme un citron pressé sur une plaie ouverte, où l’ambiance est plus White Lotus que thalasso. Derrière les palmiers, les smoothies bio et les caftans hors de prix, se planque un petit théâtre de manipulations, de tensions sociales et de liens familiaux en bout de course. Pas de meurtre au menu (enfin, pas sûr), mais une atmosphère moite et tendue où chaque sourire semble un avertissement.
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Julianne Moore y incarne une gourou du bien-être aussi chic que glaçante, qui accueille deux sœurs au sein de sa villa balnéaire pour un week-end qui n’a rien de reposant. Du soleil, du rosé, et des secrets bien enfouis. Le programme est clair : ce n’est pas une série à regarder pour se détendre, mais pour se crisper délicieusement.
Plage privée, névroses publiques
Dans Sirens, tout commence avec Devon (Meghann Fahy), serveuse dans un diner paumé à Buffalo, qui débarque à Martha’s Vineyard pour rendre visite à sa sœur Simone (Milly Alcock), désormais assistante personnelle de Michaela Kell (Julianne Moore). Michaela, c’est le genre de femme qui fait croire que vous allez mieux juste parce qu’elle vous regarde avec intensité pendant qu’elle sirote son thé au curcuma.
Mais très vite, Devon comprend que quelque chose cloche. Derrière le confort et les bougies parfumées, sa sœur semble engluée dans une relation étrange, ambiguë, peut-être toxique, avec cette patronne bien trop présente. Et comme dans toute bonne tragédie moderne, ce week-end va tourner à la séance collective d’exorcisme émotionnel — sans prêtre, mais avec beaucoup de passifs non réglés.
Glaçante et acide, comme une margarita à minuit
Écrite par Molly Smith Metzler (créatrice de Maid), la série s’inspire de sa propre pièce de théâtre Elemeno Pea. On y retrouve la même science du huis clos explosif, où chaque mot peut devenir une grenade dégoupillée. Ici, pas de twist à la Shyamalan ou de retournement grotesque. Juste des dialogues affûtés, des regards qui pèsent une tonne, et un sens du malaise bien calibré.
Le tout porté par un casting affûté comme un rasoir de salle de bain design : Julianne Moore en prêtresse zen vaguement terrifiante, Meghann Fahy qui confirme son art de l’inquiétude douce (déjà vu dans The White Lotus), et Milly Alcock, loin de Westeros mais toujours sur le fil.
Un petit goût de White Lotus, sans les valises
Les comparaisons avec White Lotus sont inévitables : même décor de carte postale, même critique sociale dissimulée sous des draps en lin froissé. Mais là où White Lotus traque l’absurdité dans l’opulence, Sirens préfère creuser l’intime dans l’ombre du pouvoir. C’est moins une satire qu’une autopsie sociale avec des gants en soie.
Cinq épisodes, zéro pitié
Côté format, la série se regarde d’une traite. Cinq épisodes de 22 minutes à peine, comme un roman court et tranchant, parfait pour une soirée où vous avez envie de juger les gens riches depuis votre canapé. Tout est tendu, rien n’est superflu. Un format quasi expérimental pour Netflix, qui semble ici viser l’élégance minimaliste plutôt que le soap boursouflé.
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