Sorti en 1993, Tombstone aurait pu n’être qu’un western de plus sur la légende de Wyatt Earp et la célèbre fusillade de l’O.K. Corral. Mais entre ses duels filmés avec précision, son souffle tragique et l’alchimie entre Kurt Russell et Val Kilmer, le film s’est taillé une place à part dans la mythologie du genre. Diffusé ce soir sur Arte, il demeure l’un des derniers grands westerns hollywoodiens avant que le cinéma américain ne tourne la page de ses cow-boys poussiéreux.
Réalisé officiellement par George P. Cosmatos (Rambo 2), Tombstone retrace l’arrivée du légendaire Wyatt Earp et de ses frères à Tombstone, ville minière rongée par la violence des “Cowboys”. L’ancien shérif, désireux de mener une vie paisible, est vite rattrapé par les conflits et retrouve son vieil ami Doc Holliday, joueur et pistolero malade. Ensemble, ils vont faire régner leur propre loi dans une ville où la morale est aussi instable que la poudre des revolvers.
Un tournage mouvementé derrière les façades du saloon
Ce que peu de spectateurs savent, c’est que Tombstone a failli ne jamais voir le jour sous sa forme actuelle. Le scénariste Kevin Jarre, initialement chargé de la mise en scène, est remplacé en plein tournage, débordé par un scénario trop ambitieux et une équipe rétive. C’est alors que Kurt Russell, déjà star du film, décide de reprendre la barre officieusement.
L’acteur l’a révélé des années plus tard : il aurait dirigé la quasi-totalité du tournage, demandant à Cosmatos de servir de “couverture” vis-à-vis du studio. Une version confirmée à demi-mot par Val Kilmer, qui confiera que Russell avait “l’œil du capitaine”. Cette anecdote, désormais célèbre, donne un relief particulier à ce western : on y sent une tension permanente, à la fois entre les personnages et au sein de la production elle-même.
Val Kilmer, l’ombre brillante de Doc Holliday
S’il est un nom que les fans associent encore à Tombstone, c’est bien celui de Val Kilmer. Dans la peau du tuberculeux et ironique Doc Holliday, il livre l’une de ses plus grandes performances, oscillant entre élégance et désespoir. Sa réplique devenue culte — “I’m your huckleberry” — résume à elle seule l’esprit du film : un mélange de fatalisme, de bravoure et de jeu.
Pourquoi le revoir ce soir sur Arte ?
Parce qu’au-delà du mythe western, Tombstone interroge la frontière entre légende et vérité, entre le héros et l’homme. Avec son mélange d’action et de mélancolie, il marque la fin d’une époque où Hollywood savait encore filmer la poussière, la fatigue et l’honneur sans effets numériques.
Arte redonne ce soir à ce film crépusculaire toute sa dimension : celle d’un western où les hommes tirent vite, mais où le temps finit toujours par les rattraper.
