Le 1er mai 2025, Netflix a mis en ligne Angi : Crime et faux-semblants, une mini-série documentaire espagnole en deux épisodes qui plonge dans une affaire criminelle aussi déroutante que glaçante.
Signée Carlos Agulló (Les bandes de Rosa Peral, Le Défi : 11M), la série retrace le parcours tordu de María Ángeles Molina, alias “Angi” : condamnée pour le meurtre en 2008 d’une styliste barcelonaise, elle est aussi liée à la mort étrange de son mari en 1996. Portrait d’une manipulatrice aux multiples visages, entre faux-semblants, faux papiers, et fausses identités.
Le corps d’Ana Páez : début d’une affaire à tiroirs
19 février 2008. Le corps d’Ana Páez, 35 ans, styliste reconnue, est retrouvé nu dans un appartement touristique de Barcelone, la tête enveloppée d’un sac plastique. Le scénario évoque d’abord un jeu sexuel extrême ayant mal tourné. Mais très vite, un nom refait surface : María Ángeles Molina, alias Angi. Une femme que personne ne semble vraiment connaître, mais qui avait récemment noué un lien ambigu avec la victime. Une suspecte trop présente, trop polie, trop parfaite.
Ce que la police découvre ensuite dépasse de loin le simple crime passionnel. Derrière cette figure insaisissable se dessine le profil d’une prédatrice sociale — et peut-être, d’une récidiviste.
Une autre mort plane sur l’enquête : celle du mari, douze ans plus tôt
En revisitant le passé d’Angi, les enquêteurs retrouvent un dossier oublié : celui de Juan Antonio Álvarez Litben, son mari, riche homme d’affaires retrouvé mort en 1996. Officiellement, une mort naturelle. Officieusement, beaucoup d’interrogations. À l’époque, aucune charge n’est retenue. Mais aujourd’hui, avec un nouveau prisme — celui d’une femme déjà condamnée pour homicide —, les pièces du puzzle prennent un sens inédit.
La série dévoile pour la première fois les éléments de cette seconde affaire, restée jusque-là dans l’ombre : témoignages familiaux, incohérences administratives, et une étrange similitude entre les deux décès.
Une enquête titanesque et un jeu de miroirs
Carlos Agulló, réalisateur, explique avoir passé plus d’un an à reconstituer l’enchaînement des faits. Plus de 2 000 pages de dossiers judiciaires ont été épluchées, 60 entretiens menés avec d’anciens policiers, avocats, détectives privés et proches des deux victimes. “Nous avons affronté une enquête aussi multifacette que les identités d’Angi”, confie-t-il. “C’était un jeu de miroirs permanent. Nous espérons que le spectateur vivra ce même vertige.”
Et en effet, Angi : Crime et faux-semblants ne déroule pas une simple chronologie criminelle : elle déploie un labyrinthe narratif fait de mensonges, de faux curriculum vitae, d’identités fabriquées, et de manœuvres froidement calculées. Chaque nouvel élément questionne la précédente version des faits. Rien n’est stable. Pas même les témoins.
Un récit produit par Brutal Media, spécialiste du genre
Derrière ce projet ambitieux, on retrouve Brutal Media, société de production espagnole déjà connue pour Les bandes de Rosa Peral, Bank Under Siege, Murder by the Coast, ou encore Killer Book Club. Partenaire de Netflix, Amazon Prime et BBC Studios, Brutal Media s’est imposée dans le paysage audiovisuel européen par sa capacité à traiter des faits divers réels avec une écriture visuelle forte, sans céder à la spectacularisation.
La productrice Carol Saliner pilote ce projet sous haute tension, mêlant rigueur documentaire et mise en scène immersive, où les silences et les visages en gros plan en disent souvent plus que les mots.