À l’approche des fêtes, les parfums s’invitent sous les sapins sans que l’on sache réellement ce qu’ils contiennent. France 5 consacre un nouveau numéro de Sur le front à cette question, lundi 8 décembre à 21.05. Hugo Clément enquête sur une industrie où la composition reste largement inaccessible au public, malgré des enjeux sanitaires et environnementaux majeurs.

Une composition secrète qui soulève des questions de transparence

L’émission rappelle un fait méconnu : sur les flacons, la mention « parfum » suffit à regrouper l’ensemble des molécules utilisées, sans obligation de les détailler. Cette absence d’informations empêche de savoir si des substances jugées préoccupantes figurent dans les formules. Certaines, déjà restreintes dans plusieurs pays européens, demeurent autorisées en France. Le documentaire cite par exemple l’héliotropine, classée reprotoxique en Irlande, ou encore l’hexamethylindanopyran, reconnu par l’ANSES comme perturbateur endocrinien.

 

À cela s’ajoute l’usage de filtres UV, pourtant dépourvus d’intérêt olfactif. Leur seule fonction consiste à préserver la couleur du liquide. Leur présence interroge, d’autant qu’ils appartiennent également à la famille des perturbateurs endocriniens. Le musc galaxolide, toujours utilisé dans certaines compositions, apparaît lui aussi dans la liste des substances problématiques.

Un voyage au cœur des filières de production du santal et de l’ylang-ylang

L’enquête dépasse les laboratoires pour documenter les conditions de production des matières premières naturelles. En Inde, le santal a subi une exploitation massive. Le reportage montre des plantations placées sous haute surveillance, avec gardes armés et grillages fixés autour des troncs afin de prévenir les prélèvements illégaux. Ce dispositif illustre la pression économique exercée sur cette ressource.

À Nosy Be, à Madagascar, l’équipe de tournage découvre des installations vieillissantes destinées à la distillation de l’ylang-ylang. Malgré sa valeur dans la parfumerie, la rémunération des producteurs demeure faible. Les images mettent en évidence des méthodes de travail datées, contrastant avec les prix pratiqués sur le marché international. Le documentaire pointe ainsi la fragilité d’un modèle où des ingrédients utilisés dans des fragrances haut de gamme reposent sur des chaînes d’approvisionnement peu valorisées.

Des experts éclairent ces constats : l’ethnobotaniste Olivier Behra, engagé dans la préservation des écosystèmes malgaches, décrit les conséquences de cette exploitation sur la biodiversité. La toxicologue Zoé Kerlo analyse les molécules problématiques et décrypte les formulations opaques rencontrées dans les parfums du quotidien.

Quand les senteurs artificielles s’imposent dans tous les foyers

Le documentaire montre également que les fragrances artificielles dépassent largement le cadre de la parfumerie. Elles se diffusent dans les produits ménagers, les déodorants, les sprays d’ambiance ou encore les bougies parfumées. Des tests comparatifs révèlent une hausse importante des composés organiques volatiles lors de la combustion d’une bougie parfumée par rapport à une bougie classique. Le constat est encore plus marqué pour l’encens ou certains sprays.

Hugo Clément interroge la normalisation de ces odeurs artificielles, devenues synonymes de « propre » sans pour autant apporter une utilité réelle. L’épisode met en lumière les initiatives de parfumeurs cherchant à développer des formules plus transparentes, afin de proposer des alternatives moins nocives.

Un documentaire essentiel pour comprendre l’origine des fragrances qui accompagnent notre quotidien et les choix industriels qui les façonnent.

Le documentaire révèle-t-il la composition exacte d’un parfum ?
Il montre que la réglementation autorise l’usage du terme « parfum » sans détail des molécules, rendant la composition exacte inaccessible.

Pourquoi des filtres UV apparaissent-ils dans certains parfums ?
Ils sont utilisés pour stabiliser la couleur du liquide, mais n’ont aucun rôle olfactif et appartiennent à la famille des perturbateurs endocriniens.

Le programme présente-t-il des alternatives plus responsables ?
Oui, il met en avant le travail de parfumeurs cherchant à proposer des formules sans substances toxiques et issues d’approvisionnements plus durables.