Pendant que le monde s’échauffe dehors, Netflix continue de dérouler son calendrier estival comme un rouleau compresseur algorithmique. De la satire sociale au drama familial en passant par les univers surnaturels, la plateforme semble vouloir maintenir tous les cerveaux en tension. Mais entre réchauffé et réellement perturbant, qu’est-ce qui vaut vraiment le détour ? Tour d’horizon critique d’un été pas si calme.

Dès juin : entre thrillers discrets et réalité qui déborde

Sara – Woman in the Shadows (Italie – 3 juin)
Un thriller italien qui joue sur l’ambiguïté morale de son héroïne, Sara, prise dans une spirale de révélations liées à un réseau mafieux familial. Un projet qui n’essaie pas de révolutionner le genre, mais qui assume ses zones d’ombre.

Les survivants (Australie – 6 juin)
Retour à la côte déchiquetée d’une ville traumatisée : un homme revient sur les lieux d’un drame d’enfance, déclenchant une série de non-dits enfouis depuis trop longtemps. L’adaptation du roman de Jane Harper se veut étouffante, lente, mais habile.

Sans Merci (Corée du Sud – 6 juin)
Une série d’action dopée à la vengeance, aux cicatrices d’un système judiciaire poreux, et à l’ambition visuelle très marquée. Un nouvel exemple du savoir-faire coréen en matière de rage narrative.

 

Ginny & Georgia – Saison 3 (États-Unis – 5 juin)
La chronique mère-fille trash et tendre reprend ses droits, plus ancrée que jamais dans les traumas, les conflits de loyauté et les galères d’ados privilégiées.

 

Réalité, satire et séries sociales (documentaires téléréalités)

Shaquille O’Neal impose son style (États-Unis – 4 juin)
Shaq dans le rôle du mentor corporate, aux côtés d’Allen Iverson, dans une docu-série sur le rachat et la relance de Reebok. Business, ego et storytelling XXL.

 

Séduction Haute tension Espagne (Espagne – 13 juin)
Netflix localise son concept le plus lubrifié dans la péninsule ibérique. Même mécanique, même voyeurisme moral, nouvelles victimes de la libido.

The Ultimatum: Queer Love – Saison 2 (États-Unis – 25 juin)
Des couples LGBTQ+ en déséquilibre, mis au défi dans un format toujours borderline entre expérimentation sociale et entertainment manipulateur.

 

YOLANTHE (Pays-Bas – 18 juin)
Une série de téléréalité glossy centrée sur la star Yolanthe Cabau. Pas révolutionnaire, mais révélatrice de la fascination culturelle pour les icônes post-influenceuses.

 

Fiction politique et sociale : les vrais enjeux en filigrane

The Waterfront (États-Unis – 19 juin)
Derrière les apparences d’une dynastie locale se cachent corruption, manipulations et conflits générationnels. Une série ambitieuse qui lorgne du côté de Bloodline ou Succession, sans leurs éclats.

 

Olympo (Espagne – 20 juin)
Une création dramatique aux ambitions mythologiques : dans une Espagne contemporaine gangrenée par le populisme, les figures du pouvoir deviennent des dieux dégénérés. Une série conceptuelle qui ose le mélange politique et symbolique.

 

Univers surnaturels et mondes parallèles

Squid Game – Saison 3 (Corée du Sud – 27 juin)
Dernière boucle dans le labyrinthe mortel de Netflix. Gi-hun revient, les règles changent, mais le fond reste le même : désespoir systémique et mise en scène spectaculaire de la précarité humaine.

 

The Sandman – Saison 2 (États-Unis – 3 juillet)
Retour du royaume des rêves avec une adaptation toujours aussi littéraire et singulière. Neil Gaiman pousse plus loin les figures de l’oubli, du pouvoir symbolique et du chaos cosmique.

 

Mercredi – Saison 2 (États-Unis – 6 août)
Changement de saison pour Wednesday Addams, désormais pensionnaire d’un été sous tension. Nouvelle enquête, nouvelles morts, mais toujours cette même froideur gothique et cette ironie à la machette. Un phénomène calibré, mais qui garde son mordant.