Il fallait bien que ça arrive : après les super-héros névrosés, les familles dysfonctionnelles dans l’espace, les clones en quête d’identité ou les boulots de bureau gérés par des cochons anthropomorphes, voici… l’hôtel hanté comme allégorie de la crise du management post-moderne. Haunted Hotel, nouvelle série animée signée Matt Roller (oui, encore un transfuge de Rick and Morty), investit le catalogue de Netflix dès le 19 septembre, avec un pitch qui sent bon le brainstorming de scénaristes en gueule de bois : une mère solo, un frère fantôme et un établissement touristique en ruine peuplé de revenants, le tout saupoudré de trauma non résolus et de capitalisme en décrépitude.
Entre deuil et déboires économiques, la comédie sous Prozac
Sheila, l’héroïne, jongle entre les dettes, les responsabilités parentales et les plans foireux de son frère décédé qui, depuis l’au-delà, pense que gérer un hôtel avec des esprits frappeurs est un business model viable. Une belle métaphore, au fond, de ce que traverse Netflix lui-même : du contenu produit à la chaîne, hanté par les fantômes de séries mieux écrites, mieux dessinées, et surtout mieux digérées.
Mais au-delà de la punchline facile, Haunted Hotel tente quelque chose. On y parle de deuil sans pathos, de famille sans mièvrerie, de travail sans solution. On sent dans l’écriture un malaise diffus, un refus de tout résoudre, une envie de rire jaune au bord de l’implosion. Ce n’est pas forcément très nouveau, mais c’est parfois très juste.
Une équipe rôdée à l’absurde
Côté coulisses, rien à redire : Matt Roller s’entoure des vétérans Dan Harmon, Chris McKenna et Steve Levy. Les dialogues claquent, les non-dits suintent, et la réalisation de Erica Hayes (elle aussi passée par Rick and Morty) assure le minimum syndical pour une animation adulte de 2025. Ajoutez à cela la patte graphique de Titmouse (studio de Big Mouth ou Metalocalypse), et vous obtenez une série visuellement correcte, sans prise de risque ni génie formel.
Un casting qui fait le job
Côté voix, Will Forte, Eliza Coupe ou encore Jimmi Simpson prêtent leur talent à des personnages qui oscillent entre caricature assumée et tentatives d’humanisation. Comme souvent dans ce type de production, ce sont les silences, les ruptures de ton et les bizarreries non explicitées qui retiennent l’attention plus que les traits d’humour ou les tirades dépressives.
Verdict ?
Haunted Hotel est une série consciente d’être un produit de son temps : trop étrange pour être mainstream, trop codifiée pour être réellement subversive. Une sorte de variation sur le thème de l’épuisement collectif, avec des fantômes qui vous rappellent que le capitalisme ne meurt jamais, lui. À voir ? Oui, surtout si vous avez déjà tout vu ailleurs.
Sortie : 19 septembre 2025 sur Netflix