Il y a des séries qu’on attend, et d’autres qu’on ne voit pas venir. Les 7 ours appartient à cette seconde catégorie : inattendue, bricolée avec amour, et suffisamment étrange pour mériter qu’on y prête attention. Prévue pour le 10 juillet 2025 sur Netflix, cette série animée franco-internationale revisite les grands contes classiques à travers les yeux d’un gang d’ours collectifs, farfelus et parfois franchement à côté de la plaque.
Basée sur les livres d’Émile Bravo (Les Contes palpitants des 7 Ours Nains), la série n’essaie pas de réconcilier tout le monde : elle assume ses ours râleurs, ses sorcières (pas si méchantes), ses héros peu héroïques et ses détournements en chaîne. Pensée par Guillaume Rio à la réalisation, Robert Vargas au showrunning, et Reid Harrison (Les Simpson) à la structure narrative avant son décès, Les 7 ours est le fruit d’un long chantier (quatre ans) à la croisée du burlesque et du conte déglingué.
À mi-chemin entre les Ewoks, les Marx Brothers et une parodie de Disney Channel, ces ours s’invitent dans une forêt où Cendrillon se trompe de pantoufle, Blanche-Neige se fait voler la vedette, et les bottes magiques s’usent à force de courir en rond. Bref, de la tendresse oui, mais avec des angles.
Un seul cerveau pour sept ours
L’idée centrale de Les 7 ours n’est pas seulement de raconter des contes différemment, c’est de les faire vivre par un collectif bancal, maladroit et foncièrement attaché à sa logique interne. Ici, chaque ours a ses tics, mais aucun ne fonctionne sans les autres. Une unité dysfonctionnelle, mais soudée, qui déclenche catastrophes et révélations au gré des malentendus magiques.
Ce mode de narration “à plusieurs voix dans un même crâne” donne naissance à des dialogues absurdes, des décisions collectives douteuses, et une forme d’intelligence de groupe qui frôle parfois le sabotage. C’est justement ce déséquilibre constant entre tendresse, satire et chaos qui donne sa densité au projet.
Une animation en 3D qui n’aseptise pas
Le passage du dessin à la 3D aurait pu aplanir l’univers graphique d’Émile Bravo. Il n’en est rien. Le studio Folivari, appuyé par le réalisateur Guillaume Rio, a opté pour une palette saturée, des décors lumineux, et une modélisation des personnages qui conserve des angles, des aspérités, des mouvements imprévisibles. Les arrière-plans font écho à la forêt des contes — mais avec des trouées psychédéliques. Certains objets sont semi-vivants. Les bottes magiques font des bruits de pets. Bref, ça vit.
Une réception attendue entre deux mondes
À mi-chemin entre le “Kids & Family” de Netflix Jr. et une relecture tordue des classiques, Les 7 ours risque de dérouter ceux qui cherchent du contenu linéaire ou lisse. Mais son potentiel est ailleurs : dans sa capacité à séduire les parents lassés des formats paresseux, les enfants curieux de bizarreries, et les ados qui y verront une satire douce du genre héroïque.
La preview à Annecy a déclenché des rires, des sourires, et quelques grattements de tête — ce qui, pour une série animée lancée en plein été, est sans doute le meilleur indicateur d’un projet qui cherche plus à déranger les certitudes qu’à flatter les algorithmes.
En résumé
Titre | Les 7 ours |
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Date de sortie | 10 juillet 2025 (Netflix) |
Format | Série animée – Mini-série |
Genre | Conte de fées revisité, comédie collective |
Production | Folivari, avec Netflix Kids & Family |
Showrunner | Robert Vargas |
Réalisateur | Guillaume Rio |
Création graphique | Émile Bravo |
Musique | Le Feste Antonacci |
Langues | VO française et anglaise, avec Tiffany Hofstetter aux voix |