Ce soir sur France 2, François Ozon signe une comédie d’époque en trompe-l’œil, où le crime devient un outil d’émancipation. Mon crime, sorti en 2023, réunit un casting de haut vol — Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, Dany Boon, André Dussollier — pour un jeu de dupes élégant qui flirte avec la satire sociale et le théâtre de boulevard.
Un crime, une comédie, une revanche
Paris, années 1930. Madeleine Verdier, jeune actrice sans le sou, végète dans l’ombre d’un cinéma qui ne veut pas d’elle. Jusqu’au jour où un producteur puissant est retrouvé assassiné. Madeleine est accusée, avoue, puis miraculeusement acquittée grâce à Pauline, son amie avocate au chômage. L’opinion publique s’enflamme : la beauté, l’innocence et le scandale font vendre.
Acquittée, Madeleine devient une star. Et dans ce monde d’hommes, la culpabilité devient soudain le tremplin du succès.
Ozon se glisse dans cette mécanique avec malice : la vérité importe moins que la manière dont elle se raconte.
Quand Ozon fait du théâtre un champ de bataille
Inspiré d’une pièce oubliée des années 30, Mon crime retrouve ce que le cinéaste affectionne : les faux-semblants, la manipulation et la comédie du pouvoir.
Sous les paillettes du procès et les dorures de la célébrité, le film questionne la place des femmes dans la société du spectacle, où la reconnaissance passe par la mise en scène d’elles-mêmes.
Avec une écriture acérée, François Ozon réconcilie le burlesque et le féminisme, sans jamais sombrer dans la caricature.
Chaque personnage incarne un rôle social avant tout : le juge bavard (Fabrice Luchini), l’avocat cynique (Dany Boon), la diva en quête de lumière (Isabelle Huppert). Tous tournent autour d’une vérité insaisissable, comme sur une scène de vaudeville.
Un duo féminin magnétique
La force du film repose sur le duo Nadia Tereszkiewicz – Rebecca Marder.
L’une joue l’actrice accusée, fragile mais stratège ; l’autre, l’avocate intègre mais fascinée par la réussite. Ensemble, elles incarnent la revanche des invisibles. Leur amitié, traversée de loyauté et de rivalité, donne au film son humanité sous le vernis des apparences.
Ozon filme leurs visages avec la légèreté d’un Lubitsch et la cruauté d’un Chabrol. Entre rire et malaise, il compose une fable sur le désir d’exister dans un monde qui ne pardonne pas l’échec.
Une satire sur la célébrité et le mensonge
Dans Mon crime, le succès devient une arme : celui de celles qui transforment leur chute en spectacle.
Le film renvoie à une époque où l’on faisait du scandale une opportunité — un miroir saisissant de notre culture médiatique contemporaine.
Sous la surface d’un divertissement rétro, Ozon orchestre une réflexion sur la justice, la morale et la performance, où tout le monde joue un rôle et où la vérité, au fond, n’intéresse plus personne.
À voir ce soir sur France 2
Diffusé ce soir à 21h10 sur France 2, Mon crime s’inscrit dans la veine des grandes comédies françaises d’auteur : raffinées, acides et pleines de doubles sens.
Un film qui rappelle qu’au cinéma comme dans la vie, le vrai talent, c’est de savoir se mettre en scène.
Fiche technique
Titre : Mon crime
Réalisation : François Ozon
Scénario : François Ozon et Philippe Piazzo
Durée : 1h42
Genre : Comédie dramatique
Distribution : Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, Dany Boon, André Dussollier
Production : Mandarin & Compagnie, Gaumont, France 2 Cinéma, Scope Pictures
Diffusion : France 2, 21h10 (rediffusion jusqu’au 16 novembre sur France.tv)
