Il y a des séries qui commencent par un meurtre, d’autres par une révélation. Aniela, elle, commence par un déménagement. Pas celui que l’on prépare dans l’euphorie d’un nouveau départ, non. Celui qu’on subit. Quand la garde-robe couture atterrit dans une cage d’escalier gris béton. Quand l’ascenseur social repart brutalement… en sens inverse.
La nouvelle série polonaise de Netflix, réalisée par Jakub Piątek et Kuba Czekaj, s’annonce comme un regard acide sur la chute des privilèges et la construction, presque à la hache, d’un sens de la justice qu’on n’apprend ni dans les dîners mondains ni dans les écoles privées.
De la villa à la cité, il n’y a qu’un scandale
Aniela, interprétée par Małgorzata Kożuchowska, incarne une femme pour qui le monde semblait fait de marbre, de champagne et de certitudes bien rangées. Jusqu’à ce qu’un scandale lié à son mari la fasse basculer. Mari trompeur, médias impitoyables, fortune évaporée : en quelques jours, elle perd tout. Y compris la garde de sa fille. Mais au lieu de plier, elle compose. Et surtout, elle contre-attaque.
Une comédie dramatique à griffes affûtées
Écrite par Paweł Demirski, la série joue avec les codes de la satire sociale et injecte une dose d’absurde dans une réalité bien concrète : celle des classes qui ne se croisent que par accident. Aniela atterrit dans une banlieue où elle ne connaît ni les codes ni les gens. Mais elle a son plan : reprendre sa fille, reprendre sa place — ou peut-être en inventer une nouvelle.
À la fois mordante et inattendue, Aniela oscille entre drame et dérision. Loin des archétypes de la victime expiatoire ou de la “pauvre petite riche”, le personnage principal évolue sans chercher l’approbation, sans filtre, sans vouloir inspirer. Elle fait ce qu’elle doit faire. Point.
Kożuchowska, une anti- héroïne
L’actrice, grande figure de la scène polonaise, décrit son rôle comme “inconfortable et délicieux”.
“Aniela n’a pas besoin qu’on l’aime. Elle ne cherche pas à être morale. Elle veut comprendre ce qu’on lui a pris, et comment le reprendre — ou le détruire.”
Ce qui rend le personnage si rare dans les séries polonaises, c’est justement son étrangeté assumée : elle est mature, en colère, drôle, désabusée et parfois indéfendable. Une héroïne pleine de zones grises, dans un pays qui a souvent préféré les figures plus linéaires.
Un casting hétéroclite, un ton libre
Autour de Kożuchowska, on retrouve :
- Filip Pławiak, en entrepreneur de quartier plus habile qu’il n’y paraît,
- Jacek Poniedziałek, dans le rôle du mari lâche et médiatisé,
- Renata Dancewicz, sa nouvelle compagne,
- Cezary Pazura, en avocat mondain et ami de la famille,
- et Gabriela Muskała, dans un double rôle de sœurs jumelles au cœur d’un projet d’infrastructure ubuesque à Prague.
Sortie mondiale sur Netflix : le 11 juin 2025.
Huit épisodes. Une héroïne qui ne demande pas pardon. Et un luxe qu’on n’achète plus, mais qu’on sabote — ou qu’on reconquiert.