Dans un MCU qui multiplie les productions sans toujours renouveler sa grammaire, Eyes of Wakanda débarque avec une proposition singulière. Ni préquelle, ni suite directe de Black Panther, cette série animée choisit la tangente : celle de l’histoire non dite, des figures effacées, des objets perdus. Un pas de côté dans l’univers Marvel, qui pourrait bien remettre la question du mythe au centre du spectacle.

Wakanda à travers les siècles : le Vibranium comme fil conducteur

Le pitch, révélé à l’occasion du Festival d’Annecy, repose sur une idée simple mais fertile : suivre, à travers le temps, les guerriers chargés de retrouver des artefacts en Vibranium volés ou égarés à travers le monde. Chaque épisode se déploie à une époque différente, dessinant une cartographie politique et émotionnelle du Wakanda au-delà de ses frontières.

Pas de T’Challa ici, ni de héros reconnus. Le récit s’intéresse à celles et ceux dont l’histoire officielle n’a pas retenu le nom : des membres du Hatut Zeraze – unité secrète d’élite – en mission dans des contextes aussi variés que les côtes méditerranéennes antiques, l’Amérique post-coloniale ou les débuts de la Guerre Froide.

Une esthétique à contre-courant des standards Marvel

Visuellement, Eyes of Wakanda prend un chemin bien à lui. Loin des séries animées numériques standardisées, la série mêle dessin 2D, textures picturales et compositions stylisées qui s’inspirent autant des fresques africaines que de l’illustration contemporaine. Le style évoque parfois les travaux d’Ernie Barnes ou de l’afrofuturisme graphique.

Ce choix esthétique n’est pas un simple geste artistique : il alimente la dimension mythologique de la série. Chaque épisode devient un récit autonome, presque rituel, porté par des symboles et une iconographie qui tranchent avec la froideur du tout-CGI.

 

Un casting vocal singulier et inattendu

On retrouve notamment Winnie Harlow dans le rôle de Noni, une guerrière Dora Milaje déchue, et Cress Williams dans celui de Lion, pirate et ancien général du Wakanda. D’autres voix viennent renforcer le paysage sonore : Patricia Belcher, Lynn Whitfield, Steve Toussaint ou encore Anika Noni Rose.

La série glisse aussi quelques visages familiers du MCU, mais retravaillés sous un jour nouveau. L’apparition d’une incarnation alternative d’Iron Fist a été confirmée, mais sans lien direct avec Danny Rand. Ce choix semble faire écho à une volonté d’émancipation narrative vis-à-vis du canon établi.

Espionnage, mémoire et géopolitique

Pour Todd Harris, réalisateur et scénariste en chef, la série n’est pas simplement un prétexte à l’action. C’est un récit d’espionnage historique où Wakanda agit dans l’ombre pour récupérer les fragments de son pouvoir dispersé. Derrière chaque artefact de Vibranium, un choix : dissimuler, récupérer, ou laisser tomber. La tension est là, silencieuse, toujours politique.

La série interroge aussi la manière dont Wakanda a interagi avec le monde extérieur : en neutralité ou en secret ? Par la violence ou la diplomatie ? Eyes of Wakanda ne tranche pas, mais expose ces dilemmes, épisode après épisode, sans les maquiller de super-héroïsme.

Informations pratiques

  • Titre complet : Eyes of Wakanda

  • Date de sortie : 27 août 2025 sur Disney+

  • Nombre d’épisodes : 4 (format 25 à 30 minutes)

  • Créateur : Todd Harris (collaborateur de longue date de Ryan Coogler)

  • Production : Marvel Studios Animation

  • Projection en avant-première : Festival d’Annecy, juin 2025