Ce soir à 21h10, France 2 rediffuse Morts au sommet, un téléfilm policier franco-belge qui replace Laurent Gerra dans la peau du capitaine suisse Andréas Meyer, un enquêteur taiseux pris dans les tempêtes humaines et alpines. Tourné dans les hauteurs de la Haute-Maurienne, ce second volet après Noir comme neige confirme la volonté du réalisateur Éric Valette de faire du polar de montagne un terrain de jeu moral plus qu’un simple décor à suspense.
Entre la glace et la faute
Plutôt qu’une suite au sens strict, Morts au sommet reprend les personnages principaux du précédent film pour les plonger dans une nouvelle intrigue indépendante. Éric Valette, qui signe également le scénario aux côtés de Philippe Bernard et David Neiss, expliquait vouloir « creuser davantage la psychologie des protagonistes et les confronter à de vrais dilemmes moraux ».
Ici, la montagne devient un révélateur : terrain d’isolement, de vérité et de chute — au propre comme au figuré.
L’ambiance est celle d’un polar d’altitude où le froid agit comme un miroir des consciences. Entre enquête criminelle et drame intérieur, le film prolonge cette veine du polar français qui préfère les silences aux artifices, les visages burinés aux punchlines.
Laurent Gerra, loin de l’humour
Connu pour ses imitations et ses one-man-shows, Laurent Gerra s’impose ici dans un registre à contre-emploi. Son capitaine Meyer, officier suisse, est un homme strict, cynique, presque misanthrope. « Il est l’inverse de ce que je suis dans la vie », confiait-il, amusé.
À ses côtés, Clémentine Poidatz incarne Constance Vivier, adjudante du Peloton de gendarmerie de haute montagne. L’actrice confiait au Parisien avoir été impressionnée par les conditions du tournage : « Les câbles techniques pètent, le maquillage gèle, les sandwiches gèlent… Pour se rendre à certains lieux, toute l’équipe mettait des raquettes. » Elle-même, suspendue à 180 mètres de haut dans une scène vertigineuse, admet : « J’avais peur, mais Constance n’a pas le droit d’avoir peur. »
Un tournage en conditions extrêmes
Le film a été tourné dans la vallée de la Haute-Maurienne (Savoie), notamment à Bramans, Avrieux et sur le domaine de Lanslebourg, à 2000 mètres d’altitude. La topographie du lieu donne au récit une dimension physique rare : chalets ensevelis, cols balayés par le vent, villages isolés.
Les décors naturels — repérés et conçus par Pierre-Julien Journet — renforcent le sentiment d’enfermement et la lente désagrégation morale des personnages.
Derrière la caméra, une vraie ambition de série policière
Produit par Lizland Films pour France Télévisions et Be-FILMS, Morts au sommet a été coproduit avec la RTBF, la RTS et TV5 Monde, dans la continuité d’un partenariat qui ancre le polar francophone dans un espace transalpin.
Le réalisateur Éric Valette (La Proie, Le Serpent aux mille coupures) injecte dans le format télévisé un sens du cadre et une rigueur visuelle qui rappellent ses incursions dans le cinéma de genre.
Sa volonté affichée : « utiliser une mécanique différente » de Noir comme neige, en mêlant polar rural, drame psychologique et questionnement moral.
Distribution principale
Laurent Gerra : capitaine Andréas Meyer
Clémentine Poidatz : adjudante Constance Vivier
Pierre Kiwitt : Daniele Pietro
Noémie Kocher : Louise Décauchet
Zoé Héran : Skadi Pietro
Jhon Rachid : lieutenant Karim Beddiar
Stéphane Henon, Elliot Jenicot, Margaux Ribagnac-Vin, Romain Deroo, Ayana et Nicolas De Broglie complètent le casting.
À retenir
Morts au sommet s’impose comme une pièce singulière dans la production télévisuelle française récente : un polar de montagne où la neige, la morale et la solitude s’entrelacent. Derrière les apparences d’un simple téléfilm, Éric Valette poursuit une ambition claire — faire du service public un espace pour des fictions exigeantes, ancrées dans des territoires et des personnages en clair-obscur.